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188 LES ORIGINES DU THEATRE LYRIQUE MODERNE.

fausse, que nous avons partout entendu répéter, à Naples même, au reste peu soucieuse de sa gloire passée. La beauté de quel- ques pages, rencontrées par hasard, nous a mis sur nos gardes contre la valeur d'une telle assertion, et après de courtes recher- ches, la découverte de certaines partitions nous a donné la preuve que non seulement il existait à Naples un art mélodramatique avant Scarlatti, mais qu'il était absolument original et supérieur à celui de toutes les autres villes de l'Italie (à l'exception de Venise), et qu'enfin Scarlatti, loin de marquer le faîte de l'opéra, était le premier échelon de sa décadence.

Nous avons vu que la séduction de Venise s'était imposée aux théâtres napolitains et qu'elle avait conquis l'esprit public. Dans l'éclat de cette mode étrangère, les débuts des grands musiciens indigènes n'ont eu aucun retentissement, et leur vie tout entière se passe dans une paix presque ignorée. Ils vivent en dehors de leur époque, au fond de leur âme solitaire.

Us vivent cependant, et c'est le devoir de chacun de tâcher que leur génie ne soit pas perdu pour nous, comme il le fut pour leurs contemporains.

A vrai dire, le génie de Provenzale a nourri son époque ; les plus illustres noms de la musique napolitaine sont sortis de son école ; mais ils ont absorbé en eux toute la gloire et ils ont fait oublier le maître qui les surpassait.

Francesco Provenzale est né vers 1610 (1). On ne sait presque rien de sa vie; on ignore la date de sa mort (2). Sa modestie ne

��(1) Florimo, Scuola musicale di Napoli.

(2) Voici les œuvres que j'ai pu retrouver de ce maître :

1. 1670 Difender^e Voffensore , ovvero la Stellidaura Vendicala, opéra en 3 actes, livret A. Perrucci. 5 personnages : Orismondo, Armidoro, Stelli- daura, Armillo, Giampetro Calabrese. (Sans chœurs.)

Manuscrit sans titre, sans liste de personnages, sans date ni nom d'auteur. Quelques lignes de la dernière scène m'ont permis de retrouver son origine, et de l'identifier avec la Stellidaura vendicala que mentionne Croce, Teatri di Napoli, p. 191. (Bibl. Sainte-Cécile, Rome.)

2. 1671. Il Schiavo di sua Moglie, opéra en 3 actes, avec prologue. Per- sonnages : Ippolita; Menalippa; Melinta vecchia; Theseo; Ercole; Atreste; limante; Sciarra Napolitano; Lucillo Paggio; Amore, Bellezza, Otio, Prologo. (Sans chœurs.)

Manuscrit avec titre et nom d'auteur. A la dernière page : « Franc. Pro- venzale scrisse 1671. Gaetano Venetiano, allievo di S. M. d. q. di Napoli, 1675. » (Bibl. Sainte-Cécile, Rome.)

3. Missa dei defunti en ré mineur, à 4 voix (C. A. T. B), 2 violons et basse (appartenente al R le arch. di mus. in S. Sebastiano et Sigismondo

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