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126 LES ORIGINES DU THEATRE LYRIQUE MODERNE.

Quagliati, organiste à Saintc-Marie-Majeuro (1), écrivit de la musique. Il le décrit lui-même dans une lettre du 16 janvier 1640 à Lelio Guidiccioni (2), dont on avait longtemps discuté les as- sertions; mais elles ne sont plus douteuses aujourd'hui : la par- tition se trouve à la bibliothèque Sainte-Cécile de Rome. — Un char traîné par des bœufs portait la petite troupe : cinq chan- teurs (3) et cinq instrumentistes (4), à travers les rues de Rome, et leur servait en même temps de théâtre ambulant. J'ai peur que P. délia Valle n'ait songé davantage au chariot de Thespis qu'au peuple de Rome. Cependant celui-ci s'en accommoda fort bien. « Non seulement le public ne s'en fatigua point; mais la plupart voulurent l'entendre jusqu'à quatre et six fois , et il y en eut qui le suivirent dans les dix ou douze endroits où il s'arrêta (5). »

cantar soli, et insieme, posto in musica dal Sig. Paolo Quagliati, dato in luce dal Sign. Oberto Fidati, con aggiunta di alcune arie dell' istesso au- tore, à 1, 2, 3 voci, dedicati ail' Illustriss. et Eccell. Sig. la Sig. donna Gius- tiniana Orsina. Rome, Robletti, 1611. (Rome, Bibl. Sainte-Cécile; Londres, Brit. Mus.).

Comme on le voit, la musique n'a été publiée que cinq ans après, par un ami du modeste Quagliati. Voici, du reste, une partie de la préface de Fidati : « M'étant dernièrement transporté à Bologne, pour affaires par- ticulières et pour le grand désir que j'avais de revoir cette ville, où j'ai passé une partie de ma jeunesse à l'Université, je visitai entre autres une aca- démie de très aimables virtuoses, dans laquelle la musique fleurit de telle sorte, que ce semble célestes harmonies. A mon arrivée, en signe d'affec- tion, ils firent choix des plus charmantes compositions qu'ils avaient, et les exécutèrent à beaucoup d'instruments et de voix excellentes, avec une grâce et une douceur admirables. Je pris surtout très grand plaisir d'une nouvelle invention intitulée : Char de fidélité d'amour, composée par M. Quagliati. Voyant qu'une œuvre si belle restait encore manuscrite, je pensai que si elle était éditée par mes soins, je n'en aurais pas peu de gloire. Je me mis en rapports avec l'auteur; comme il en faisait très peu de cas ? je dus user de nombreuses et pressantes instances, ou pour mieux dire, importunités, afin qu'il consentît à la laisser imprimer...» (15 septemb. 1611, Rome.)

(1) Quagliati était aussi fameux comme exécutant sur le clavicembalo. Il a laissé deUx livres de canzonette (édités par un autre ami, Luca Conforto); un recueil de divers morceaux pour chant et pour violon : la Sfera armo- niosa (publié par un troisième, Paolo Tarditi) ; des madrigaux et des Af- fetti amorosi spirituali. Son portrait est gravé dans la partition de la Sfera armoniosa. Rome, Robletti, 1623. (Exemplaire à Dresde, Kgl. Bibl.)

(2) La bibliothèque de l'Institut musical de Florence possède quatorze let- tres autographes de Pietro délia Valle (1637-1647). P. délia Valle naquit à Rome le 2 avril 1586, et y mourut le 20 avril 1652.

(3) Amour, Apollon, Arion, Orphée, Renommée.

(4) Violon, Cembalo, Liuto, Teorba et un autre instrument.

(5) « E nella musica del mio Carro composta dal Quagliati in caméra mia

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