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DÉVELOPPEMENT DE i/OPÉRA ARISTOCRATIQUE EN ITALIE. 121

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��Le style dramatique fait son entrée à Rome par deux oratorios : La Rappresentatione di Anima e di Corpo (fév. 1600), d'E. di Caval- liere, et YEumelio, d'Agostino Agazzari (1606).

Le premier nous est déjà connu (1). Nous avons rencontré Ca- valliere parmi les inventeurs du style récitatif. La préface de l'éditeur Aless. Guidotti nous dit que son ami à voulu montrer dans son œuvre « combien ce style est propre à inspirer la dévo- tion. » Il nous apprend aussi que l'essai eut grand succès, mais qu'il excita probablement des scrupules religieux; car Guidotti prie le cardinal Aldobrandino, camerlingue de la Sainte-Eglise, à qui il dédie la pièce, de la défendre contre une opposition in- juste (« che l'autorità sua la rendera sicura da qualsi voglia in- giusta oppositione. ») (2).

A la vérité, il y avait longtemps déjà que les couvents avaient adopté la coutume de donner au peuple, en compensation des spectacles interdits pendant le Carême, des exercices de piété so- lennels, animés par des discours et de la musique. Saint-Philippe de Neri (3), avec son bon sens à la fois idéal et pratique, n'avait

six ans, quand ce nouveau genre me vint à la tête » (or l'édition est de 1609).

(1) Voir chapitre III. — Erailio del Cavalliere, Rappresentatione di Anima et di Corpo, nuovamente posta in musica dal sig. E. d. C. per re- citar cantando — data in luce da Alessandro Guidotti Bolognese — con licenza di Superiori. Rome, Nicol6 Mutii, 1600 (trois actes). L'unique exem- plaire de ce premier oratorio est à la Bibl. Sainte-Cécile de Rome (prove- nant de la Bibl. Angelica). On en signale un second à Urbin. — La Bibl. Vallicelliana , à Rome, possède plusieurs compositions manuscrites de Cavalliere, provenant du couvent des Filippini.

(2) L'Eglise résista en divers endroits à la renaissance païenne en mu- sique, aux « antichi drammi di Grecia in musica. » L'auteur de l'argument de la Sainte-Ursule de Gagliano (1625) félicite Florence de ce que dans la patrie de l'opéra les « vane favole de Gentili » font place aux « vere azioni Christiane. » L'Eglise soumet à sa censure les livrets d'opéras, et le poète est presque toujours obligé d'expliquer que les noms de Dieux, de Fato, de Destino, ne sont que des « scherzi poetici » (sauf à Venise).

(3) Voir sur saint Philippe de Néri, le livre du card. Capecelatro, trad. P. Bczin, de l'Oratoire. 2 vol. Paris, Poussielgue, 1889.

Saint Philippe, né en 1515 à Florence, mourut le 25 mai 1595 à Rome. Ami d'Animuccia, et de Palestrina, dont il fut le directeur spirituel, et qui mourut dans ses bras, il était lui-même profondément musicien. Son aima- ble biographe, si bien fait pour le comprendre, nous parlo de ses extases, de ses visions musicales (si je puis dire), et de ses larmes amoureuses, en

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