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MONTEVERDE. 105

dont le musicien était Francesco Manelli de Tivoli, et le poète et directeur, Benedetto Ferrari, y débuta avec YAndromeda (1637) et la Maga fulminata ; mais le vieux maître ne tarda pas à y mar- quer sa place avec YAdone (1640), le Nozze d'Enea (1641) au S. Giovanni et Paolo (1), le Rilorno d' Misse in patria (1641) (2) au S. Gassiano, et YIncoronazione di Poppea (1642) (3) au S. G. et Paolo. Il eut aussi le temps de voir les premiers succès de son grand disciple, Cavalli, qui préludait en 1639 à sa brillante carrière (4).

L'opéra vénitien était fondé ; le peuple avait son théâtre de musique (5); nous verrons dans la suite quel usage il en fit.

��(1) Fondé en 1639.

(2) D'après Ambros, le Ritorno d'Ulisse in patria se trouverait dans un manuscrit de la Selva morale et spirituale , relié aux armes de l'empereur Léopold 1 er , qui serait à la Kaiserl. Bibl. de Vienne; et il en aurait fait prendre copie pour sa propre bibliothèque. M. Vogel. qui a parcouru le ms. de Vienne, ne croit pas quil soit de Monteverde; mais les raisons qu'il en donne ne me semblent pas bien concluantes. L'Adone et l'Enea sont restés inconnus jusqu'à présent.

(3) Voir plus haut.

(4) Cavalli, Nozze di Teti e Peleo. Voir chapitre VI.

(5) Tous les théâtres du dix-septième siècle, à Venise, furent élevés aux frais des particuliers, ou par actions (on achetait à l'avance un ou plusieurs palchetti). Le maître du théâtre gardait les moins bonnes places, le parterre et le paradis, et les louait.

En 1637, le prix d'entrée au S. Cassiano (nuovo) est de 4 lires venetes (2 lires).

En 1674 le San Mosè, en 1G77 le S. Angelo, en 1674 le S. Giovanni et Paolo, en 1678 le S. Cassiano et le S. Salvadore, font payer un quart de ducat (31 sous vénètes).

Seul, le San Giovanni Grisostomo maintient ses prix (c'était le plus grand et le plus riche de Venise, aujourd'hui théâtre Malibran). L'ancien San Cassiano (qui datait des environs de 1629) et le San Samuele sont les seuls de Venise qui résistent au drame musical.

Les bourgeois avaient coutume d'aller deux ou trois fois l'an à l'opéra avec leur famille {N. D. La population de Venise, en 1630, est de 140,000 h.). Le grandes familles, et beaucoup de princes allemands, y avaient leurs loges. On donnait trois saisons : 1° en hiver, jusqu'à la fin du carnaval; 2° à l'Ascension (pendant quinze jours) ; 3° à l'automne.

Les théâtres étaient construits avec grand soin. Ils étaient soumis à la surveillance des Capi dcl Consiglio dei Dieci, pour les affiches, les heures de représentation, la solidité du théâtre. La salle était éclairée par un fanal, qui disparaissait au lever du rideau. Deux rangées de lampions, qui ris- quaient toujours de s'éteindre, brillaient sur les côtés de la scène. Si l'on voulait suivre sur le livret, on apportait des cerini (il en reste les traces sur les livrets du dix-septième siècle).

Le système de la participation aux bénéfices prévalut d'abord parmi les

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