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le théâtre nouveau

taines tentatives un peu hasardeuses, en constituant un minimum de recette régulièrement assuré, — 20 francs et 15 francs pour vingt représentations, suivant la catégorie des places. — Pour faciliter aux ouvriers le paiement de ces sommes, il leur est permis de s’acquitter par des versements hebdomadaires. On s’adresse aussi aux syndicats, aux associations ouvrières, aux Universités populaires, pour une combinaison d’abonnements collectifs. Le théâtre se promet d’organiser le jeudi des matinées scolaires à des prix excessivement réduits, — 0 franc 50 et 0 franc 25. — Le répertoire change chaque semaine ; il est éclectique, tout en tâchant de répondre aux conditions morales, dont un théâtre populaire, vraiment digne de ce nom, ne saurait se passer. Il ne se refuse pas à puiser parfois dans le répertoire classique, mais avec discrétion et discernement ; il ne veut même pas rompre trop brusquement d’abord avec le mélodrame cher au peuple, par mesure de prudence ; mais il s’efforce d’améliorer peu à peu le goût du public, en montant le plus possible d’œuvres qui fassent penser, parmi les pièces historiques, philosophiques, morales, ou sociales, de ces dernières années ; et il fait appel aux auteurs nouveaux, pour qu’ils lui fournissent des œuvres nouvelles, spécialement destinées au public populaire, et ne craignant pas d’aborder les questions sociales du jour.

Le théâtre de M. Berny a été inauguré le 19 septembre dernier par Monsieur Badin de Courteline, le Portefeuille de Mirbeau, et Danton de Romain Rolland. Eugène Morel présentait dans une causerie le Théâtre populaire à un public, — enfin ! — exclusivement popu-

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