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LES PREMIÈRES TENTATIVES

les promesses aux membres du Comité, tous ses efforts tendirent à empêcher que le théâtre du peuple fût l’œuvre d’un parti avancé, comme celui de la Revue d’art dramatique, et à l’exécuter à leur place, et à sa façon. Il désigna, comme ils le demandaient, un délégué pour étudier les théâtres populaires à l’étranger ; et ce délégué fut M. Adrien Bernheim. M. Bernheim assista à une séance du Comité, en décembre 1899 ; mais on ne réussit pas à s’entendre : les intentions du gouvernement étaient trop évidentes pour tous. M. Bernheim partit pour Berlin, et le Comité de la Revue continua ses travaux. Il eût fallu être très uni dans le sein du Comité pour pouvoir lutter contre l’ingérence de l’État. Le Comité se sépara au bout de trois mois, après avoir rendu compte du concours qu’il avait institué. Une vingtaine de manuscrits avaient été reçus, dont cinq ou six présentaient un réel intérêt ; un, celui d’Eugène Morel, était tout à fait remarquable. Trois prix furent décernés. Le travail de Morel fut publié par la Revue d’art dramatique en décembre 1900.[1] Il reste encore aujourd’hui l’ouvrage le plus complet et le plus original, pour tout ce qui regarde les conditions matérielles et pratiques du nouveau Théâtre du Peuple. Dans la même Revue, Romain Rolland écrivait une étude sur les conditions morales de ce théâtre, et sur son répertoire ; et, le 30 décembre 1900, le Théâtre civique de Louis Lumet donnait, au Nouveau Théâtre, une représentation populaire de Danton, au profit des tullistes grévistes du Nord ; la pièce était

  1. Eugène Morel. — Projet de Théâtres populaires. — Éditions de la Revue d’art dramatique.
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