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LES PREMIÈRES TENTATIVES

cause du théâtre populaire, qui s’essayait de tous côtés en une multitude de tentatives, à Nancy, à Lille, dans le pays basque, dans les Universités populaires : à l’Émancipation du quinzième arrondissement de Paris, qui jouait, en 1900, la Grève de Jean Hugues,[1] — surtout à la Coopération des idées du faubourg Saint-Antoine, formée en 1886 par quelques ouvriers,[2] et où M. Deherme, qui fut non seulement son véritable fondateur, mais le fondateur des Universités populaires, installa en 1899 un théâtre d’un caractère extrêmement éclectique.

Tous ces efforts avaient le défaut d’être isolés, épars, sans liens entre eux, sans cohésion, sans publicité suffisante, sans force capable de lutter contre la routine des artistes, et l’indifférence publique. En mars 1899, quelques jeunes écrivains, faisant partie de la Revue d’art dramatique, pensèrent à organiser à Paris, à l’occasion de l’Exposition universelle de 1900, un Congrès international de théâtre populaire, afin de grouper et de concentrer toutes les forces populaires de l’art. Le Congrès devait être précédé d’une enquête faisant appel à toutes les bonnes volontés, et demandant aux

  1. Cahiers de la Quinzaine, sixième cahier de la troisième série.
  2. « Frappés de ce que l’instruction primaire de leurs pareils, arrêtée net au seuil de la jeunesse, a de beaucoup trop incomplet, et par conséquent de dangereux, désireux aussi d’échapper à l’oppression des organisations électorales, où l’on affirme beaucoup, mais où l’on ne pense guère, quelques ouvriers, mettant en commun leur désir de raisonner, ainsi que les quelques livres qu’ils possédaient, convinrent de se rencontrer à date fixe, un soir par semaine, pour causer. Ce fut d’abord dans l’arrière boutique d’un marchand de vins, rue des Boulets, en 1886. » (Henri Dargel : Le théâtre du peuple à la Coopération des idées. — Revue d’art dramatique, avril 1903) — Tels furent les débuts de la Coopération des idées, dont le nom vint d’un journal, lancé en 1894, par M. Deherme.
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