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le théâtre nouveau

gende de Chambrille, et en septembre 1898, par Érinna, prêtresse d’Hésus, tragédie de forme classique.

En Bretagne, M. Le Goffic et M. Le Braz organisaient en août 1898, à Ploujean, la représentation d’un vieux mystère du seizième siècle rajeuni : la Vie de Saint-Gwénolé.

Enfin les représentations de Nîmes, de Béziers, d’Orange,[1] bien que gâtées par le double cabotinage provençal et parisien, et flottant au hasard des Précieuses ridicules au Chalet d’Adolphe Adam, de la Phèdre de Racine à l’Iphigénie de Moréas, et de l’Œdipe de Sophocle à celui de Péladan, — servaient la

  1. Le théâtre antique d’Orange fut « rouvert » en 1869, je crois, par une cantate : les Triomphateurs, du félibre Antony-Réal, et Joseph, de Méhul. On y donna le Chalet d’Adam en 1874, les Précieuses ridicules en 1886 ; puis des tragédies antiques ou pseudo-antiques : Œdipe, Antigone, Alceste, les Phéniciennes, Athalie, Phèdre, Horace, l’Orphée et l’Iphigénie en Tauride de Gluck. Cette année, il y eut en quelques semaines jusqu’à trois séries de spectacles ; et la confusion des programmes fut extrême. On joua la Légende du cœur de Jean Aicard, Œdipe et le Sphinx de Joséphin Péladan, Citharis de Alexis Mouzin, Iphigénie de Jean Moréas, Horace, Phèdre, les Phéniciennes, Orphée, etc. À vrai dire, j’y voudrais voir surtout, au lieu de ces reconstitutions de lettrés, et de ces transpositions absurdes de tragédies de salon en plein air, des drames provençaux, comme la Reine Jeanne de Mistral. Le succès de la pièce d’Aicard a été particulièrement significatif, cette année. « Ce n’a pas été un succès de théâtre, au sens ordinaire du mot ; ç’a été une allégresse d’entente, croissant d’acte en acte, de scène en scène, entre le poète et ses compatriotes. » — Voir Léopold Lacour : Au Théâtre d’Orange. Le présent et l’avenir. — Revue de Paris, premier septembre 1903, et les Théâtres en plein air. — L’Art du Théâtre, octobre 1903.

    À Béziers, dans les arènes construites par M. Castelbon de Beauxhostes, les représentations ont eu jusqu’à présent un caractère exclusivement musical ; elles ont même été à peu près réservées à la musique de M. Saint-Saëns (Déjanire, Parysatis), à une exception près : le Prométhée, musique de M. Gabriel Fauré, poème de MM. Jean Lorrain et Ferdinand Hérold.

    Enfin les représentations de Nîmes sont toutes récentes. M. Mounet-Sully y joua, le 26 juillet dernier, dans les Arènes antiques, Œdipe Roi, précédé d’un prologue de M. Maurice Magre.

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