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cherchons à les grouper et à les fondre. L’art d’aujourd’hui est anarchique : tout y est confus, émietté, sans lien. La vie est d’un côté, et l’intelligence de l’autre. Ici la poésie, là le sens commun. Et rien ne vit, et ce sont des monstres informes qui aspirent vainement à la lumière. — Unissons nos forces. Travaillons à rétablir l’unité dans l’art et dans les esprits. Appelons tous les hommes au Théâtre du Peuple. Que chacun, sans rien abdiquer de soi-même, y apporte sa personnalité, — l’un ses facultés d’action, son énergie, sa volonté, — l’autre, son intelligence, son goût, ses sens affinés, — et qu’ils s’enrichissent mutuellement de leurs âmes mêlées en une émotion fraternelle.

Forts de cette foi dans la cause de l’Art populaire, nous entreprenons de grouper les multiples efforts, disséminés dans toute l’Europe, pour fonder un théâtre du peuple. Nous voudrions leur fournir un terrain de discussion générale et d’entente, en conviant nos amis Européens à un congrès d’études et d’action, qui se tiendrait à Paris, pendant l’Exposition universelle de 1900, et en préludant à ce congrès, dès à présent, par une Enquête sur le théâtre populaire.

Cette enquête se présente sous trois formes différentes :


1. — Nous nous adressons à toutes les bonnes volontés. Nous faisons appel à toutes les communications, ayant trait au théâtre populaire. Ces communications seront soigneusement étudiées, analysées, publiées s’il y a lieu.


2. — Nous demandons à tous les fondateurs de théâtres populaires l’historique de leurs entreprises, et les réflexions, les desiderata, qui leur auront été suggérés par leur action.


3. — Nous nous permettons d’indiquer un certain nombre de questions relatives à l’organisation du théâtre populaire, — sur lesquelles nous demandons à nos amis, soit une réponse écrite, aussi détaillée que possible, soit des réflexions qui seront oralement apportées aux séances du Congrès, et soumises à la discussion générale.


Nous ne nous flattons pas que de cet échange de pensées sorte tout armée l’œuvre d’art nouvelle. Mais nous travaillons à lui frayer la voie, en créant les conditions

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