V
TEXTES RELATIFS AUX TRAVAUX DE LA
« REVUE D’ART DRAMATIQUE »
POUR FONDER À PARIS UN THÉÂTRE DU PEUPLE
L’Art est en proie à l’égoïsme et à l’anarchie. Un petit nombre d’hommes en ont fait leur privilège, et en tiennent le peuple écarté. La partie la plus nombreuse et la plus vivante de la nation n’a point d’expression dans l’art. Il n’y a d’art que pour les blasés. Grand appauvrissement pour la pensée. Grand danger pour l’art. Car de l’assimiler aux jouissances exclusives d’une classe conduira tôt ou tard ceux qui en sont privés, à le haïr et à le détruire.
Pour le salut de l’art, il faut l’arracher aux privilèges absurdes qui l’étouffent, et lui ouvrir les portes de la vie. Il faut que tous les hommes y soient admis. Il faut enfin donner une voix aux peuples, et fonder le théâtre de tous, où l’effort de tous travaille à la joie de tous. Il ne s’agit pas d’élever la tribune d’une classe : prolétariat, ou élite intellectuelle ; nous ne voulons être les instruments d’aucune caste : religieuse, politique, morale, ou sociale ; nous ne voulons rien supprimer du passé ou de l’avenir. Tout ce qui est, a droit à s’exprimer, et nous accueillons toutes les pensées, pourvu seulement qu’elles soient des pensées de vie, et non de mort, pourvu qu’elles accroissent la puissance d’action de l’humanité. Loin d’en écarter aucune, nous