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Commission d’instruction publique ; — 5 messidor an II (23 juin 1794)

Spectacles.


Du 5 messidor, an second de la République française, une et indivisible.

Le gouvernement républicain est le centre où toutes nos institutions doivent venir se rattacher.

Jusqu’à présent, les théâtres abandonnés aux spéculations des auteurs, dirigés par les petits intérêts des hommes ou des partis, n’ont marché que faiblement vers le but d’utilité politique que leur marque un meilleur ordre de choses.

Quelques-uns, il est vrai, surtout ceux que le despotisme avait condamnés à une nullité réfléchie, à une trivialité repoussante, à une immoralité hideuse, parce qu’ils étaient fréquentés par cette classe de citoyens que le despotisme appelait le peuple, et qu’il n’était pas utile au despotisme que le peuple soupçonnât sa dignité, quelques-uns, dis-je, ont paru sortir de leur léthargie aux premiers accents de cette liberté qui rappelait sur leur scène le bon sens et la raison.

Si leurs efforts ont été en général plus constants qu’heureux, si, malgré quelques étincelles fugitives, quelques phosphores éphémères, la carrière dramatique est restée couverte de ténèbres perfides, nous en connaissons les causes ; les préjugés d’auteurs caressés d’un certain public, accoutumés à un certain genre de succès, des sentiments plus bas encore, expliquent assez à l’observateur ce sommeil momentané des Muses.

Bientôt nous irons chercher le mal jusque dans sa racine, nous en poursuivrons le principe, nous en préviendrons les funestes effets : pour ce moment, il suffit de préparer la régénération morale qui va s’opérer, de seconder les vues provisoires de l’arrêté du Comité de Salut public, de verser dans les spectacles le premier germe de la vie politique à laquelle ils ont été appelés par le plan vaste dont la Commission d’instruction publique concertera l’exécution avec le Comité de Salut public.

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