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pour écouter, dans le silence des passions, la voix de la sagesse. Le moment où le bruit de nos victoires retentit dans l’univers est donc celui où les législateurs de la république française doivent veiller avec une nouvelle sollicitude sur eux-mêmes et sur la patrie, et affermir les principes sur lesquels doivent reposer la stabilité et la félicité de la république.[1]

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C’est peu d’anéantir les rois, il faut faire respecter à tous les peuples le caractère du peuple français. C’est en vain que nous porterions au bout de l’univers la renommée de nos armes, si toutes les passions déchirent impunément le sein de la patrie. Défions-nous de l’ivresse même des succès. Soyons terribles dans les revers, modestes dans nos triomphes, et fixons au milieu de nous la paix et le bonheur par la sagesse et par la morale. Voilà le véritable but de nos travaux ; voilà la tâche la plus héroïque et la plus difficile. Nous croyons concourir à ce but en vous proposant le décret suivant :

Article premier. — Le peuple français reconnaît l’existence de l’Être Suprême et l’immortalité de l’âme.

Article II. — Il reconnaît que le culte digne de l’Être Suprême est la pratique des devoirs de l’homme.

Article III. — Il met au premier rang de ces devoirs de détester la mauvaise foi et la tyrannie, de punir les tyrans et les traîtres, de secourir les malheureux, de respecter les faibles, de défendre les opprimés, de faire aux autres tout le bien qu’on peut, et de n’être injuste envers personne.

Article IV. — Il sera institué des fêtes pour rappeler l’homme à la pensée de la Divinité et à la dignité de son être.

  1. Nous ne citons que les premières et les dernières lignes de ce très beau discours, qui est fort long, et dont on trouvera le texte dans les Œuvres de Robespierre, recueillies et annotées par Vermorel. 1866.
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