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CONCLUSION

en France (personne au monde peut-être) ne lira cela sans pleurer… Plus d’église artificielle, mais l’universelle église. Un seul dôme, des Vosges aux Cévennes, et des Pyrénées aux Alpes… « Ainsi finit le meilleur jour de notre vie. » Ce mot que les fédérés d’un village écrivent le soir de la fête à la fin de leur récit, je suis tout près de l’écrire en terminant ce chapitre. Il est fini, et rien de semblable ne reviendra pour moi. J’y laisse un irréparable moment de ma vie, une partie de moi-même ;… il me semble que je m’en vais appauvri et diminué.

Cette heure inoubliable, nous voulons qu’elle revive. Nous voulons que le peuple puisse encore une fois goûter cette ivresse fraternelle, ce réveil de la liberté. C’est l’espoir de cette heure qui m’avait fait rêver pour le peuple de spectacles dramatiques, ayant pour conclusion des fêtes populaires, non pas jouées sur la scène, et réservées aux acteurs, mais où le public entier eût pris part : « C’est ici, écrivais-je à la fin du 14 juillet, la fête du Peuple d’hier et d’aujourd’hui, du Peuple éternel. Pour qu’elle prît tout son sens, il faudrait que le public lui-même y participât, qu’il se donnât à lui-même le spectacle de son triomphe, qu’il se mêlât aux chants et aux danses de la fin, que le Peuple devint acteur lui-même dans la fête du Peuple. »[1] — Mais ceci est encore du théâtre ; et si le grand mouvement social qui nous emporte s’achève, si le peuple atteint enfin à la souveraineté, il y a mieux à faire pour lui que des théâtres. Embellis-

  1. Le 14 Juillet. — Scène Finale (Fête du Peuple)
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