le principe des fêtes populaires, qu’il était plus âprement hostile au principe des théâtres populaires : en quoi il représentait la pure tradition de Rousseau, dans toute son intransigeance. Dans un écrit qui date probablement du commencement de nivôse an II, — décembre 93, — peu de jours avant son arrestation, il raillait avec sa lourde et robuste verve l’idée aristocratique de théâtres pour le peuple, et il lui oppose les fêtes, sous leur forme la plus simple :
Pas d’autre théâtre à nos sans-culottes que la Nature, qui nous invite à danser la farandole sous un chêne séculaire. Lire, écrire, chiffrer, voilà pour l’instruction. La joie et un violon, voilà pour les spectacles…
Condorcet avait accepté sans enthousiasme le principe des fêtes, et proposait de célébrer des anniversaires glorieux, plutôt que des allégories morales et sociales. Lakanal semble avoir été un des premiers à proposer des fêtes de ce dernier genre. Mais ce fut Robespierre, comme on sait, qui fit voter l’ensemble des Fêtes décadaires, par son fameux discours du 18 floréal an II, — 7 mai 94, — sur les rapports des idées religieuses et morales avec les principes républicains, et sur les Fêtes nationales, où la rhétorique du temps ne peut faire oublier la hauteur de l’éloquence et de la pensée ; l’écho glorieux des victoires de la Révolution y retentit, et l’espoir trop tôt déçu d’une régénération du monde :