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LES FÊTES DU PEUPLE

Marie-Joseph Chénier, qui ne cessa de s’opposer aux projets de David, par bon sens et peut-être aussi par jalousie,[1] contribua plus que quiconque à l’établissement des fêtes nationales. Le 15 brumaire an II, — 5 novembre 93, — il prononça un discours sur ce sujet dans la Convention :

La liberté sera l’âme de nos fêtes publiques ; elles n’existeront que pour elle et par elle… Organisons les Fêtes du peuple… Il ne suffira point d’établir la fête de l’Enfance et de l’Adolescence, ainsi qu’on vous l’a proposé… Il faudra semer l’année de grands souvenirs, composer de l’ensemble de nos fêtes civiques une histoire annuelle et commémorative de la Révolution française.

Quelques jours plus tard, le 6 frimaire an II, — 26 novembre 93. — Danton, revenant à la charge, disait : « Donnons des fêtes nationales au peuple » ; et, rappelant les jeux olympiques, il ajoutait :

Le peuple entier doit célébrer les grandes actions qui auront honoré notre Révolution… Il faut que le berceau de la liberté soit encore le centre des fêtes nationales. Je demande que la Convention consacre le Champ de Mars aux jeux nationaux, qu’elle ordonne d’y élever un temple où les Français puissent se réunir en grand nombre. Cette réunion alimentera l’amour sacré de la liberté, et augmentera les ressorts de l’énergie nationale ; c’est par de tels établissements que nous vaincrons l’univers.

Anacharsis Cloots, « cultivateur et député du département de l’Oise », défendit avec d’autant plus d’ardeur

  1. « Il est absurde de prescrire tous les mouvements à un peuple, ainsi que l’on commande l’exercice à des soldats… Un décret n’est pas un tableau. » (Premier nivôse an III)
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