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au delà du théâtre

des sociétés ; et pour moyens ce que les beaux-arts, la musique, les spectacles, les combats, les prix réservés pour ce jour brillant, offriront dans chaque lieu de plus propre à rendre heureux et meilleurs les vieillards par des souvenirs, les jeunes gens par des triomphes, les enfants par des espérances !

Le 11 juillet 1793, le peintre David, député du Louvre, chercha le premier à réaliser ces projets dans son Rapport et décret sur la fête de la réunion républicaine du 10 août, présentés à la Convention, au nom du comité d’Instruction publique. — Puis il présenta d’autres projets de fêtes : le 5 nivôse an II, — 25 décembre 93, — pour la reprise de Toulon ; — le 19 prairial an II, — 7 juin 94, — pour la Fête de l’Être suprême ; — le 23 messidor an II, — 11 juillet 94, — pour la Fête de Bara et Viala, qui était fixée, comme on sait, au 10 thermidor, et que la chute de Robespierre empêcha. — Tous ces plans, exprimés dans un langage d’une emphase absurde, et dont la rhétorique ridicule a fourni aux historiens de mauvaise foi, comme Taine, le prétexte de faciles et grossières caricatures, en assimilant faussement la pensée de David à celle des grands Conventionnels, — ces plans, malgré le cabotinisme odieux de leur auteur, sont du plus haut intérêt. Ils montrent un effort, souvent grotesque, mais vigoureux, pour puiser dans la vie même l’inspiration des fêtes et de l’art ; et peut-être y a-t-il en elles une originalité plus féconde que dans tout le théâtre français du dix-huitième siècle. — J’en cite des fragments dans les Documents de la fin.[1]

  1. Documents, numéro II.
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