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LES FÊTES DU PEUPLE

Suivait celle des hommes, qui chantaient à leur tour, en frappant de leurs armes en cadence :

Nous le sommes maintenant,
À l’épreuve à tout venant.

Ensuite venaient les enfants, qui leur répondaient en chantant de toute leur force :

Et nous bientôt le serons,
Qui tous vous surpasserons.

Qui ne croirait entendre, en lisant cette page, les accents de la Marseillaise ? Et en effet, c’est de là qu’ils sont sortis ; et la Révolution tout entière a repris avec un enthousiasme grandiose cette idée de Rousseau.

Dès le commencement de la Révolution, Mirabeau écrivit un discours : De l’organisation des fêtes nationales, où il exprimait l’idée de l’éducation par les fêtes. Il en écartait toute pensée religieuse, et il s’appuyait sur l’exemple de l’antiquité. Il proposa neuf fêtes : fête de l’abolition des ordres, fête du serment, fête de la régénération, etc., leur donnant nettement un caractère d’action politique et de triomphe révolutionnaire.

Le sceptique Talleyrand lui-même traça, dans un rapport, un programme de « Fêtes nationales ».

Toutes ces fêtes auront pour objet direct,

dit-il,
Toutes ces fêtes auront pour objet direct, des événements anciens ou nouveaux, publics ou privés, les plus chers à un peuple libre ; pour accessoires tous les symboles qui parlent de la liberté, et rappellent avec plus de force à cette égalité précieuse, dont l’oubli a produit tous les maux
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