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le théâtre nouveau

caché derrière la porte, épiant par le trou de la serrure les gestes de ses maîtres, avec une mauvaise curiosité, narquoise et craintive. Qu’il assiste, en citoyen de l’univers, au spectacle de l’univers.[1] Que toutes les classes aient place sur la scène, comme sur les gradins du théâtre, mais en qualité d’hommes égaux et fraternels, et non d’ordres rivaux et hiérarchisés. Et qu’on offre aussi au peuple la vue des grands du monde, des rois, des ministres, des conquérants, — non parce qu’ils furent ses maîtres, mais parce qu’ils furent les représentants et les dépositaires de l’État, de la Chose publique, dont il est aujourd’hui l’héritier. En un mot, que tout lui soit offert en spectacle, mais à condition qu’il se retrouve dans tout, et qu’à travers le présent et le passé, il se solidarise avec l’univers, — afin que toutes les énergies humaines viennent confluer en lui.

  1. Que le poète soit « l’homme de l’univers », disait déjà Louis-Sébastien Mercier dans son livre : Du théâtre, ou nouvel essai sur l’art dramatique (1791).