Grétry, qui, dans ses Essais sur la musique,[1] fait la curieuse esquisse d’un théâtre nouveau, où il tâche de concilier son art menu de spirituelle sentimentalité avec les aspirations démocratiques de son temps, a très intelligemment indiqué les relations nécessaires qui existent entre les formes architecturales et les formes dramatiques. Ces pages sont connues des musiciens ; il est bon de les rappeler aux littérateurs.
« Pourquoi, au sortir des spectacles, entend-on dire si souvent : « Ah ! comme je me suis ennuyé ! » Ce n’est pas toujours parce que la pièce est ennuyeuse, ni parce que les acteurs sont mauvais, quoique ce soit toujours à ces agents qu’on attribue son ennui ; c’est surtout parce qu’il y a rarement une unité entre les parties constituantes des spectacles, c’est-à-dire, entre le local, les drames qu’on y représente, et les moyens d’exécution… Ayez, j’y consens, une vaste salle de spectacle ; mais que la symphonie soit formidable ; qu’elle ne s’amuse pas à exécuter des morceaux doux. S’il faut que je devine souvent, je m’ennuierai bientôt. Il ne faut ici que de grands traits, de grosses masses ; tout ce qui est fait pour être vu et entendu de près doit en être exclu… Dès qu’il s’agit d’intrigues amoureuses, de pièces d’intrigues proprement dites, de sujets champêtres ou familiers, ce n’est que par mille détails, par les a parte, par mille jeux de physionomie, que les acteurs peuvent présenter des vérités de ce genre ; ce n’est que par mille nuances entre le fort et le doux, par mille
- ↑ Livre IV, chapitre 4. — L’ouvrage a été imprimé aux frais de l’État, par arrêté du comité d’Instruction publique du 28 vendémiaire an IV, sur le rapport de Lakanal.