Page:Rolland Le Théâtre du peuple.djvu/112

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
le théâtre nouveau

et éprouver quelque gêne à se montrer au théâtre en tenue négligée : ces places lui permettraient de voir sans être vu. Encore ne sais-je pas s’il ne vaut pas mieux imposer au peuple cette légère contrainte d’amour-propre et de politesse, qui l’oblige à certains soins de sa toilette et de son corps : ce ne serait peut-être pas un des moindres avantages du théâtre populaire.

Pour la scène, elle devrait être construite de façon à ce qu’on pût y faire manœuvrer des masses : une quinzaine de mètres d’ouverture, avec cadre mobile permettant de la réduire, — sur vingt mètres de profondeur. Morel demande une machinerie perfectionnée, pour laquelle il y aurait lieu d’étudier les systèmes de planchers mobiles usités en Allemagne, en Angleterre, en Amérique, les plaques tournantes permettant de monter de multiples tableaux, s’il est besoin, et de laisser toute liberté à l’imagination créatrice du poète, qui est à la gêne dans nos théâtres actuels. — Il est certain qu’il n’y a nulle raison pour se priver de ces perfectionnements modernes dans un théâtre entièrement nouveau, où leur établissement n’occasionnerait pas une bien grande augmentation de frais. Mais je ne cache pas que, pour ma part, je n’y tiens en aucune façon, Georges Bourdon écrit que « le bouleversement de la machinerie est peut-être pour demain une évolution inappréciable dans l’art dramatique lui-même ».[1] Je crois que la suppression quasi totale de la machinerie serait une évolution bien autrement puissante encore.

  1. Georges Bourdon : Le théâtre du peuple. — Revue bleue, 15 février 1902.
108