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CONDITIONS MATÉRIELLES ET MORALES

s’efforce de faciliter le plus possible, et des dispositions accessoires, par lesquelles il réduit les frais, en escomptant une diminution des droits d’auteurs, et une réforme dans les taux de perception de l’Assistance publique, qui dégrèverait presque complètement le Théâtre du Peuple. « En somme, conclut-il, nous n’établissons pas la gratuité ; mais nos dispositions sont telles, que bien peu de familles seront trop pauvres pour aller au théâtre, et, qu’ainsi entendu, le théâtre, loin d’être un luxe, une folie, ne fera que développer dans le peuple des idées de prévoyance et d’économie. »

Le réabonnement, n’étant plus qu’à 10 francs au lieu de 25, n’offrira plus les mêmes ressources pour l’année suivante. Mais dès ce moment, le théâtre du peuple ne doit plus être isolé. « Il importe, dès sa réussite, et profitant de sa réussite, de jeter immédiatement les bases d’un autre théâtre, dans un autre quartier. Alors une pièce ne sera plus jouée sept, mais quinze jours, et la diminution des frais viendra compenser la diminution prévue de recettes. Ce second théâtre jouissant du matériel et de la troupe du premier sera plus aisément fondé : il jouira de l’expérience acquise. Le matériel de décors et de costumes viendra aussi réduire les dépenses du premier. » Ce n’est pas seulement à Paris que ces théâtres s’élèveront, c’est dans toute la France. « Nous voudrions couvrir de théâtres toute la France. » Ces théâtres formeraient entre eux des associations matérielles, où acteurs, costumes et décors pourraient être mis en commun, sous la surveillance d’un comité central et de son délégué, directeur général. L’État n’interviendrait qu’en fournissant son aide pour réunir les abonnements, et son contrôle pour assurer les principes

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