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LES PREMIÈRES TENTATIVES

française, en 1890, ne se lassait pas de réclamer pour le peuple républicain de Paris des théâtres républicains, puisque le peuple se voyait exclu des grands théâtres subventionnés par l’usurpation réactionnaire des abonnés mondains, a cherché, depuis 1900, les éléments d’une masse budgétaire, qui permit d’ouvrir, par créations échelonnées, quatre grands théâtres populaires sur quatre points différents des faubourgs parisiens. Il a exposé le résultat de ses recherches dans un projet, que M. Henri Turot doit présenter au Conseil municipal, et M. Marcel Sembat à la Chambre. Dans l’idée de M. de Sainte-Croix, chacun de ces quatre théâtres, qui seraient à la fois dramatiques et lyriques, aurait un directeur et un administrateur spéciaux ; mais ils seraient reliés par un cahier des charges commun et un même conseil de surveillance. Les représentations d’œuvres modernes y alterneraient avec les représentations classiques, et la musique avec la poésie.[1]

On voit quel fourmillement d’idées nouvelles et généreuses. Après une longue période d’incubation et d’attente, le Théâtre du Peuple sort de terre, de toutes parts. C’est une poussée irrésistible.

La campagne de presse, menée depuis plusieurs années par Camille de Sainte-Croix, Lucien Descaves, Gustave Geffroy, Jean Jullien, Octave Mirbeau, les études et l’enquête si complètes de Georges Bourdon dans la Revue bleue, les chroniques de Faguet, de

  1. D’autres tentatives plus fragmentaires ont été faites dans ces dernières années. Il est juste de citer, par exemple, le Théâtre d’avant-garde ou Théâtre du Peuple, 10, rue Henri-Chevreau, qui, de juin 1902 à août 1903, donna sept soirées, — vingt-cinq actes inédits. — au tarif unique de 0 franc 50 à toutes places.
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