Page:Rolland Handel.djvu/53

Cette page a été validée par deux contributeurs.

son d’hiver. C’était un beau début. Trop beau, Keiser en devint jaloux.

L’Opéra de Hambourg était en train de couler. Keiser le menait gaiement à la faillite. Il vivait en grand seigneur libertin ; et tous les artistes, autour de lui, rivalisaient de folies. Seul, Hændel, retiré à l’écart, travaillait, et ne dépensait que le strict nécessaire[1]. Après le succès de ses deux opéras, il avait seulement laissé son emploi de second violon et de claveciniste à l’orchestre ; mais il donnait des leçons ; et sa réputation de compositeur s’accroissait de celle de professeur. Keiser s’inquiéta. Cette gloire naissante réveilla son amour-propre. Rien de plus sot que sa jalousie. Il était directeur de l’Opéra, il avait intérêt à donner des pièces qui réussissent et à s’attacher les auteurs heureux. Mais la jalousie ne raisonne pas. Il remit en musique l’Almira et le Nero, pour écraser Hændel[2]. Et,

  1. En 1703, Hændel renvoie à sa mère la pension qu’elle lui faisait, et il y ajoute quelques présents, à Noël. En 1704, 1705, 1706, il économise 200 ducats pour son voyage en Italie.
  2. Le nouveau Nero fut joué sous le titre de : Die Römische Unruhe, oder die edelmüthige Octavia (Les troubles de Rome, ou la magnanime Octavie). La partition a été rééditée dans les suppléments à la grande édition Hændel, chez Breitkopf, par M. Max Seiffert. — L’Almira prit le titre : Der Durchauchtige Secretarius, oder Almira, Königin in Castilien (S. E. Monsieur le Secrétaire, ou Almire, reine de Castille).

    En outre de ces deux œuvres, Keiser écrivit, en deux ans, sept opéras, et des plus beaux qu’il ait faits : preuve