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technique analogue. Buxtehude écarte de sa musique la polyphonie débordante et touffue, qui était cependant son royaume[1] Il n'y veut rien laisser que de clair, de fort, de largement dessiné, et même de scénique. Volontairement, il s'appauvrit, mais en se concentrant ; et ce qu'il perd en abondance, il le reprend en intensité. Le caractère presque homophone de l'écriture, la netteté des beaux dessins mélodiques, d'une clarté populaire[2], l'insistance des rythmes et des phrases qui se répètent et s'enfoncent dans l'esprit, d'une façon obsédante, sont des traits essentiellement hændeliens. Ce qui ne l'est pas moins, c'est la magnificence triomphale des ensembles, cette façon de peindre par larges touches de lumière et d'ombre[3] C'est, au plus haut degré, comme l'art de Hændel, une musique pour tout un peuple.

Mais il se passa beaucoup de temps avant que Hændel mît à profit les exemples de Buxtehude. À son retour de Lübeck, il semblait n'y plus

  1. Sa musique d'orgue atteste sa maîtrise en ce genre.
  2. Voir l'intimité pénétrante, la suavité mélodique de la cantate : Alles was ihr tut mit Worten oder Werken, — et la grandeur tragique, avec des moyens si simples, de la magnifique cantate : Gott hilf mir.
  3. On trouvera, page 167 du volume des Denkmäler, un Hallelujah de Buxtehude (pour 2 clarini (trompettes), 2 violini, 2 violes, violons, orgue, et cinq parties vocales), qui est du pur Hændel, et du plus beau.