Page:Rolland Handel.djvu/111

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Dès lors, tout alla à la débandade. Hændel essaya bien de reprendre les rênes ; mais, comme disait son ami Arbuthnot, « le Diable était lâché » : impossible de le remettre en cage. La partie fut perdue, malgré trois nouvelles œuvres de Hændel, où brillent des éclairs de génie : Riccardo I (11 nov. 1727), Siroe (17 février 1728), et Tolomeo (30 avril 1728). Une petite flèche lancée par John Gay et par Pepusch, le Beggar’s Opera (l’opéra des gueux), acheva la défaite de l’Académie d’opéra de Londres[1]. Cette excellente opérette, en dialogue parlé et chansons populaires, était à la fois une satire sanglante de Walpole et une spirituelle parodie des ridicules de l’opéra[2]. Son immense succès prit le carac-

    sujet, un de ses meilleurs pamphlets : Le Diable est lâché à Saint-James. (Voir Chrysander, t. II.)

  1. La dernière représentation de l’académie d’opéra eut lieu, le 1er juin 1728, avec Admeto.
  2. Entre autres, du recitativo accompagnato, de l’air da capo, des duos d’opéra, des scènes d’adieux, des grandes scènes de prison, des ballets absurdes. Pepusch reprend même un air de Hændel, dans une intention bouffe. Au second acte, une bande de voleurs, réunie à la taverne, défile solennellement devant ses chefs, aux sons de la marche de l’Armée des croisés, dans Rinaldo. — Le Beggar’s Opera, donné pour la première fois le 29 janvier 1728, fut joué dans toute l’Angleterre, et souleva des polémiques violentes. Swift prit parti passionnément pour lui. À la suite de ce succès, parurent dans les années suivantes une quantité de Ballad Operas (opéras en chansons). — M. Georgy Calmus a consacré un article très complet au Beggar’s Opera, dans les Sammelbände der I. M. G. (janvier-mars 1907).