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de mensonges et de basses complaisances, — c’est, ce fut toujours l’homme de paix absolue et de libre conscience. Jésus n’a pas été mis en croix par hasard. Il devait être, il serait encore supplicié. L’homme de l’Évangile est le révolutionnaire, de tous le plus radical. Il est la source inaccessible, d’où jaillissent entre les brèches de la terre dure, les Révolutions. Il est le principe éternel de la non-soumission de l’Esprit à César, quel qu’il soit, à l’injuste Force. Ainsi se légitime la haine des valets de l’État, des peuples domestiqués, contre le Christ-aux-outrages qui les regarde et se tait, et contre ses disciples, — nous, les éternels réfractaires, les Conscientious Objectors aux tyrannies d’en haut comme à celles d’en bas, à celles de demain comme à celles d’aujourd’hui, — nous, les Annonciateurs de Celui plus grand que nous, qui portera au monde la parole qui sauve, le Maître mis au tombeau, qui « sera en agonie jusqu’à la fin du monde » et toujours renaîtra, — l’Esprit libre, le Seigneur Dieu.

Sierre, 1916 — Paris, 1920.