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la Révolution et la guerre, il pouvait affirmer — (il le faisait franchement) — ses préférences pour l’un : la Révolution ; car elle seule offrait un espoir de renouveau ; et l’autre tuait l’avenir. Mais préférer un parti ne signifie pas lui aliéner son indépendance d’esprit. C’est l’erreur et l’abus des démocraties de vouloir que tous aient les mêmes devoirs et s’attellent aux mêmes tâches. Dans une communauté en marche, les tâches sont multiples. Tandis que le gros de l’armée combat pour conquérir un progrès immédiat, d’autres doivent maintenir les valeurs éternelles au-dessus des vainqueurs de demain comme d’hier, car elles les dépassent tous, en les éclairant tous : leur lumière se projette sur la route, bien au delà des fumées du combat. Clerambault s’était laissé trop longtemps aveugler par ces fumées, pour se replonger dans celles d’une nouvelle bataille. Mais en ce monde d’aveugles, la prétention de voir semble une inconvenance, et peut être un délit.

Il venait de constater cette ironique vérité, dans un entretien où ces petits Saint-Just lui avaient fait la leçon, en le comparant assez impertinemment à « l’Astrologue qui se laissa choir au fond d’un puits » :

— «  On lui dit : Pauvre bête,
Tandis qu’à peine à tes pieds tu peux voir,
Penses-tu lire au-dessus de ta tête ? »

Et comme il n’était pas dénué d’humour, il trouvait quelque justesse à la comparaison. Oui, il appartenait un peu à la confrérie