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pres, que le moindre progrès se conquiert pas à pas, et, souvent, se perd vingt fois avant d’être acquis définitivement… (Rien n’est définitif) — Clerambault aurait eu grand besoin de ces hommes solides et patients comme la terre. Et sa chaude intelligence les eût ensoleillés.

Mais ils portaient, eux et lui, la peine du système de castes, archaïque, blessant, funeste à la communauté non moins qu’à l’individu, que crée entre les citoyens prétendus égaux de nos menteuses « démocraties » l’inégalité excessive des fortunes, de l’éducation, de la vie. Ils ne communiquaient de caste à caste que par les journalistes, qui, formant une caste à part, ne représentent ni les uns ni les autres. La voix seule des journaux remplissait le silence de Clerambault. Rien n’était capable de troubler leur « Brékékékex ! coax ! coax ! ».

Les résultats désastreux d’une nouvelle offensive les trouvèrent, comme toujours, intrépides au poste. Les oracles optimistes des pontifes à l’arrière étaient une fois de plus démentis. Nul ne paraissait le remarquer. D’autres oracles succédaient, débités et gobés avec la même assurance. Ni ceux qui écrivaient, ni ceux qui les lisaient, ne reconnaissaient qu’ils s’étaient trompés. En toute sincérité, ils ne s’en apercevaient pas. Ce qu’ils avaient dit la veille, ils ne se le rappelaient plus. Que diable peut-on fonder sur ces animaux-là ? Cervelles d’écureuils ! Tête en haut, tête en bas. On ne peut en tout cas leur refuser le don de se retrouver sur leurs pattes, après leurs cabrioles. Une conviction