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Le foyer du mal était l’idée de nation. On ne pouvait toucher à ce point envenimé, sans faire hurler la bête. Clerambault l’attaqua sans ménagements.

Qu’ai-je à faire de vos nations ? Vous me demandez d’aimer, de haïr des nations ? J’aime, ou je hais des hommes. Il en est, dans chaque nation, de nobles, de vils, de médiocres. Et dans chaque nation, les nobles et les vils sont peu, et les médiocres sont foule. J’aime, ou je n’aime point un homme pour ce qu’il est, et non pour ce que sont les autres. Et n’y eût-il qu’un seul homme que j’aime dans une nation, cela me suffirait pour ne pas la condamner. — Vous me parlez de luttes et de haines de races ? Les races sont les couleurs du prisme de la vie : c’est leur faisceau qui fait la lumière. Malheur à qui le brise ! Je ne suis pas d’une race. J’appartiens à la vie, à la vie tout entière. Dans toutes les nations, alliées ou ennemies, j’ai des frères ; et les plus proches ne sont pas toujours ceux que vous prétendez m’imposer comme compa-