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bault lui tourna le dos. Camus partit, en frappant les portes, criant qu’il ne remettrait plus les pieds ici : entre eux, tout est fini.

Après, Clerambault eut à subir les questions éplorées de sa femme qui, sans savoir ce qu’il avait fait, se lamentait de son imprudence et lui demandait « pourquoi, pourquoi il ne se taisait pas ? N’avaient-ils pas assez de malheur ? Quelle démangeaison de parler ? Et quelle manie surtout de vouloir parler autrement que les autres ? »

Rosine rentrait d’une course. Clerambault la prit à témoin, il lui raconta confusément la scène pénible qui venait de se passer, et la pria de s’asseoir auprès de sa table, pour qu’il lui donnât lecture de l’article. Sans prendre le temps d’enlever ses gants et son chapeau, Rosine s’assit près de son père, l’écouta sagement, gentiment, et quand il eut fini, elle alla l’embrasser, et dit :

— Oui, c’est beau !… Mais, papa, pourquoi as-tu fait cela ?

Clerambault fut démonté :

— Comment ? Comment ?… Pourquoi je l’ai fait ?… Est-ce que ce n’est pas juste ?

— Je ne sais pas… Oui, je crois… Cela doit être juste, puisque tu le dis… Mais peut-être que ce n’était pas nécessaire de l’écrire…

— Pas nécessaire ? Si c’est juste, c’est nécessaire.

— Puisque cela fait crier !

— Mais ce n’est pas une raison !

— À quoi bon faire crier ?