blessé, qui avait participé à l’offensive de Champagne et connu Maxime. Clerambault se hâta d’aller le voir.
Il trouva sur un lit un homme sans âge, ligoté comme une momie, couché sur le dos, immobile, sa maigre figure de paysan tannée, ridée, au grand nez, au poil gris, émergeant de bandelettes blanches. L’avant-bras droit, dégagé, appuyait sur le drap une main rude et déformée ; au médius, une phalange manquait ; — mais ceci ne comptait point : c’était une blessure de paix. — Sous les sourcils en broussaille, les yeux étaient calmes et clairs. On ne s’attendait point à trouver cette lumière grise dans ce visage brûlé.
Clerambault s’approcha, s’informa de son état. L’homme d’abord remercia, poliment, sans donner de détails, comme si ce n’était pas la peine de parler de soi :
— Je vous remercie bien. Monsieur. Ça va bien, ça va bien…
Mais Clerambault insistait affectueusement ; et les yeux gris ne furent pas longtemps à voir qu’il y avait dans les yeux bleus penchés sur eux quelque chose de plus que la curiosité.
— Mais où êtes-vous blessé ? demandait Clerambault.
— Oh bien ! Monsieur, ça serait trop long à raconter. Il y en a un peu partout.
Et, pressé de questions :
— Il y en a ici et là. Partout où il y a de la place. Je suis pourtant pas bien gros. Jamais j’aurais pensé qu’il y avait dans l’corps tant d’place…