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Il fut quelques jours avant de ressortir. Ce premier contact avec le monde extérieur l’avait déprimé. L’ami en qui il comptait trouver un guide lui manquait piteusement. Il se sentait plein de trouble. Clerambault était faible ; il n’était pas accoutumé à se diriger seul. Ce poète, si sincère pourtant, ne s’était jamais vu dans l’obligation de penser sans le secours des autres ; il n’avait eu besoin jusqu’alors que de se laisser porter par leur pensée ; il l’épousait ; il en était la voix exaltée et inspirée. — Le changement était brusque. Malgré la nuit de crise, il était repris par ses incertitudes ; la nature ne peut être, d’un seul coup, transformée, surtout chez qui a passé la cinquantaine, si souples que soient restés les ressorts de son esprit. Et la lumière qu’apporte une révélation ne demeure pas égale, comme la nappe ruisselante du soleil dans un ciel d’été. Elle ressemble plutôt au fanal électrique, qui cligne et qui s’éteint plus d’une fois, avant que le courant se régularise. Dans les syncopes de cette pulsation saccadée, l’ombre paraît plus