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ligence est lui-même esclave, esclave de l’État. Sous la menace du châtiment, la machine sociale le contraint à des actes qui lui répugnent. La complaisante intelligence lui persuade aussitôt que ces actes sont beaux, glorieux, et qu’il les accomplit librement. Dans un cas comme dans l’autre, l’intelligence sait à quoi s’en tenir. Elle est toujours à notre disposition, si nous voulons vraiment qu’elle nous dise la vérité. Mais nous nous en gardons bien ! Nous évitons de la voir seule à seul. Nous nous arrangeons de façon à ne la rencontrer qu’en public, et nous lui posons les questions sur un ton qui commande les réponses… — Au bout du compte, la terre n’en tourne pas moins, e pur si muove, et les lois du monde s’accomplissent, et l’esprit libre les voit. Tout le reste est vanité : les passions, la foi ou sincère ou factice, ne sont que l’expression fardée de la Nécessité qui entraîne le monde, sans souci de nos idoles : famille, race, patrie, religion, société, progrès… Le Progrès ? La grande Illusion ! L’humanité n’est-elle pas soumise à une loi de niveau, qui veut que lorsqu’on le dépasse, une soupape s’ouvre et le récipient se vide ?… Un rythme catastrophique… Des cimes de civilisation et la dégringolade. On monte. On fait le plongeon…


Perrotin, tranquillement, dévoilait sa pensée. Elle n’était pas habituée à se montrer nue ; mais elle oubliait qu’elle avait un témoin ; et, comme si elle était seule, elle se déshabillait. Elle était d’une hardiesse