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VIE DE TOLSTOÏ


La grande âme de Russie dont la flamme s’allumait, il y a cent ans, sur la terre, a été, pour ceux de ma génération, la lumière la plus pure qui ait éclairé leur jeunesse. Dans le crépuscule aux lourdes ombres du xixe siècle finissant, elle fut l’étoile consolatrice, dont le regard attirait, apaisait nos âmes d’adolescents. Parmi tous ceux — ils sont nombreux en France — pour qui Tolstoï fut bien plus qu’un artiste aimé, un ami, le meilleur, et, pour beaucoup, le seul ami véritable dans tout l’art européen, — j’ai voulu apporter à cette mémoire sacrée mon tribut de reconnaissance et d’amour.

Les jours où j’appris à le connaitre ne s’effaceront point de ma pensée. C’était en 1886. Après quelques années de germination muette, les fleurs merveilleuses de l’art russe venaient de surgir de la terre de France. Les traductions de Tolstoï