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Mais Tolstoï, en 1850, est moins patient que Nekhludov. Iasnaïa l’a déçu ; il est las du peuple, comme de l’élite ; son rôle lui pèse : il n’y tient plus. D’ailleurs ses créanciers le harcèlent. En 1851, il s’enfuit au Caucase, à l’armée, auprès de son frère Nicolas, officier.

À peine arrivé dans les montagnes sereines, il se ressaisit, il retrouve Dieu :

La nuit dernière[1], j’ai à peine dormi… Je me suis mis à prier Dieu. Il m’est impossible de décrire la douceur du sentiment que j’éprouvais en priant. J’ai récité les prières habituelles, et ensuite je suis resté longtemps encore à prier. Je désirais quelque chose de très grand, de très beau… Quoi ? je ne puis le dire. Je voulais me fondre avec l’Être infini, je lui demandais de me pardonner mes fautes… Mais non, je ne le demandais pas, je sentais que, puisqu’il m’accordait ce moment bienheureux, il me pardon-

  1. 11 juin 1851, au camp fortifié de Starï-Iourt, dans le Caucase.