chestre… Et son principal plaisir lui venait de l’activité forcée de l’imagination, qui lui présentait sans liens, mais avec une clarté étonnante, les images et les scènes les plus variées du passé et de l’avenir…
Il revoit les moujiks vicieux, méfiants, menteurs, paresseux et butés, avec qui il causait tout à l’heure ; mais il les revoit, cette fois, avec ce qu’ils ont de bon, non plus avec leurs vices ; il pénètre en leur cœur par l’intuition de l’amour ; il lit en eux leur patience, leur résignation au sort qui les écrase, leur pardon pour les injures, leur affection familiale et les causes de leur attachement routinier et pieux au passé. Il évoque leurs journées de bon travail, fatigant et sain…
« C’est beau, murmure-t-il… Pourquoi ne suis-je pas l’un d’eux ? »[1]
Tout Tolstoï est déjà dans le héros de cette première nouvelle[2] : sa vision nette et ses illusions persistantes. Il observe les gens avec un réalisme sans défaut ; mais, dès qu’il ferme les yeux, ses rêves le reprennent, et son amour des hommes.