religion, envahit de plus en plus les peuples de l’Orient. Elle subjugue déjà le Japon et lui prépare les pires désastres… Elle se répand sur ceux qui, en Chine et dans l’Inde, prétendent, comme vous, être les meneurs de vos peuples. Vous invoquez, dans votre journal, comme un principe fondamental qui doit guider l’activité de l’Inde, l’idée suivante :
« Resistance to agression is not simply justifiable, but imperative ; non-resistance hurts both altruism and egoism. »
« … Eh quoi ! vous, membre d’un des peuples les plus religieux, vous allez, d’un cœur léger et confiant en votre instruction scientifique, abjurer la loi de l’amour, proclamée au sein de votre peuple, avec une clarté exceptionnelle, dès l’antiquité reculée !… Et vous répétez ces stupidités que vous ont suggérées les champions de la violence, les ennemis de la vérité, les esclaves de la théologie d’abord, ensuite de la science, — vos maîtres européens !
« Vous dites que les Anglais ont asservi l’Inde, parce que l’Inde ne résiste pas assez à la violence par la force ? — Mais c’est tout juste le contraire ! Si les Anglais ont asservi les Hindous, ce n’est que pour cette raison que les Hindous reconnaissaient et reconnaissent encore la violence comme principe fondamental de leur organisation sociale ; ils se soumettaient, au nom de ce principe, à leurs roitelets ; au nom de ce principe, ils ont lutté contre eux, contre les Européens, contre les Anglais… Une Compagnie commerciale — trente mille hommes, des hommes plutôt faibles — ont asservi un peuple de deux cents millions ! Dites cela à un homme libre de préjugés ! Il ne comprendra pas ce que ces mots peuvent signifier… N’est-il pas évident, d’après ces chiffres mêmes, que ce ne sont pas les Anglais, mais les Hindous eux-mêmes qui ont asservi les Hindous ?…
« Si les Hindous sont asservis par la violence, c’est parce qu’eux-mêmes ont vécu de la violence, vivent à présent de la violence et ne reconnaissent pas la loi éternelle de l’amour, propre à l’humanité.