converti au Christianisme, puis passé au Béhaïsme. Sacy lui expose son Credo. Tolstoy répond (10 août 1901) que le « Bâbisme l’intéresse depuis longtemps et qu’il a lu tout ce qui lui était accessible à ce sujet » ; il n’attache aucune importance à sa base mystique et à ses théories ; mais il croit à son grand avenir en Orient, comme enseignement moral : « tôt ou tard, le Béhaïsme se fondra avec l’anarchisme chrétien. » Ailleurs, il écrit à un Russe qui lui envoie un livre sur le Béhaïsme qu’il a la certitude de la victoire « de tous les enseignements religieux rationalistes, qui surgissent actuellement des diverses confessions : Brahmanisme, Bouddhisme, Judaïsme, Christianisme ». Il les voit allant toutes « vers le confluent d’une religion unique, universellement humaine[1] ». — Il a le contentement d’apprendre que le courant béhaïste a pénétré en Russie, chez des Tatares de Kazan, et il invite chez lui leur chef, Woissow, dont l’entretien avec lui a été noté par Gussev (février 1909)[2].
Dans le livre du jubilé, en 1908, l’Islam est représenté par un juriste de Calcutta, Abdullah-al-Mamun-Suhrawardy, qui élève à Tolstoy un majestueux monument. Il l’appelle yogi et souscrit à ses enseignements de la Non-Violence, qu’il ne juge pas opposés à ceux de Mahomet ; mais « il faut lire le Coran, comme Tolstoy a lu la Bible, sous la lumière de la vérité, et non dans la nuée de la superstition ». Il loue Tolstoy de n’être pas un surhomme, un Uebermensch, mais le frère de tous, non pas la lumière de l’Occident ou de l’Orient, mais lumière de Dieu, lumière pour tous. Et, dans une lueur prophétique, il annonce que
- ↑ À Isabella Arkadjewna Grinewskaja. Dans une autre lettre à Elkibajew (10 juin 1908), Tolstoy dit qu’il n’y a qu’une seule religion. Elle ne s’est pas encore tout entière révélée à l’humanité, mais elle apparaît dans toutes les religions, par fragments. « Tout progrès de l’humanité repose sur l’union toujours plus intime des hommes dans cette unique vraie religion. »
- ↑ Dans une lettre à Krymbajew, en 1908, Tolstoy, définissant une vraie religion par l’amour de Dieu et du prochain, dégagé de toute croyance parasite, fait l’éloge du Bâbisme et de la secte de Kazan. Une autre lettre de décembre 1908 à Fridulchan-Wadalbekow exprime la même admiration du Bâbisme.