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Celui qui ne supporte aucune épreuve ne peut rien apprendre à celui qui en supporte[1].

Il implore « le pardon de tous ceux que ses paroles et ses écrits ont pu conduire aux souffrances[2] ». Jamais il n’engage personne à refuser le service militaire. C’est à chacun de se décider soi-même. S’il a affaire à quelqu’un qui hésite, « il lui conseille toujours d’entrer au service et de ne pas refuser l’obéissance, tant que ce ne lui sera pas moralement impossible ». Car, si l’on hésite, c’est que l’on n’est pas mûr ; et « mieux vaut qu’il y ait un soldat de plus qu’un hypocrite ou un renégat, ce qui est le cas avec ceux qui entreprennent des œuvres au-dessus de leurs forces[3] ». Il se défie de la résolution du réfractaire Gontcharenko. Il craint « que ce jeune homme n’ait été entraîné par l’amour-propre et par la gloriole, non par l’amour de Dieu[4] ». Aux Doukhobors, il écrit de ne pas persister dans leur refus d’obéissance, par orgueil et par respect

    tendresse secrète), « le cruel et ignorant Nicolas i, Alexandre ii, peu intelligent, plutôt mauvais que bon, Alexandre iii, à coup sûr un sot, brutal et ignorant, Nicolas ii, un innocent officier de hussards, avec un entourage de coquins, un jeune homme qui ne sait rien, qui ne comprend rien. »

    Dans un numéro de la revue : Les Tablettes, consacré à Tolstoï (Genève, juin 1917), nous avons réuni une collection des textes les plus significatifs de Tolstoï, relatifs à l’État, la Patrie, la guerre, l’armée, le service militaire et la Révolution.

  1. Lettre à Gontcharenko, réfractaire, 19 janvier 1905 (Corresp. inéd., p. 264).
  2. Aux Doukhobors du Caucase, 1897 (Ibid., p. 239).
  3. Lettre à un ami, 1900 (Correspondance, p. 308-9).
  4. À Gontcharenko, 12 février 1905 (Ibid., p, 265).