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La plus belle théorie n’a de prix que par les œuvres où elle s’accomplit. Chez Tolstoï, théorie et création sont toujours unies, comme foi et action. Dans le même temps où il élaborait sa Critique de l’Art, il donnait des modèles de l’art nouveau qu’il voulait, — des deux formes de l’art, l’une plus haute, l’autre moins pure, mais toutes deux « religieuses », au sens le plus humain, — l’une travaillant à l’union des hommes par l’amour, l’autre en livrant combat au monde ennemi de l’amour. Il écrivait ces chefs-d’œuvre : la Mort d’Ivan Iliitch (1884-86), les Récits et les Contes populaires (1881-86), la Puissance des ténèbres (1886), la Sonate à Kreutzer (1889) et Maître et Serviteur (1895)[1]. Au sommet et au terme de cette période

  1. À ces mêmes années appartient, comme date de publication et sans doute d’achèvement, une œuvre qui fut écrite, en réalité, au temps heureux des fiançailles et des premières années du mariage : la belle histoire d’un cheval, Kholstomier (1861-1886). Tolstoï en parle dans une lettre à Fet, de 1863. (Corresp. inéd., p. 35). — L’art du début, avec ses paysages fins, sa sympathie pénétrante des âmes, son humour, sa jeunesse, a de la parenté avec les œuvres de la maturité (Bonheur conjugal, Guerre et