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teur dont cherche à se couvrir leur justification personnelle, l’apologie de leur monstrueux égoïsme et de leur néant.

« Ne me faites point dire, continue Tolstoï, que je nie l’art et la science. Non seulement je ne les nie pas, mais c’est en leur nom que je veux chasser les vendeurs du temple. »

La science et l’art sont aussi nécessaires que le pain et l’eau, même plus nécessaires… La vraie science est la connaissance de la mission, et par conséquent du vrai bien de tous les hommes. Le vrai art est l’expression de la connaissance de la mission et du vrai bien de tous les hommes.

Et il loue ceux qui, « depuis que les hommes existent, ont sur les harpes et sur les tympanons, par les images et la parole, exprimé leur lutte contre la duplicité, leurs souffrances dans cette lutte, leur espoir dans le triomphe du bien, leur désespoir au triomphe du mal et leur enthousiasme à la vue prophétique de l’avenir ».

Alors, il trace l’image du vrai artiste, dans une page brûlante d’ardeur douloureuse et mystique :

L’activité de la science et de l’art n’a de fruit que lorsqu’elle ne s’arroge aucun droit et ne se connaît que des devoirs. C’est seulement parce que cette activité est telle, parce que son essence est le sacrifice, que l’humanité l’honore. Les hommes qui sont appelés à servir les autres par le travail spirituel souffrent toujours dans l’accomplissement de cette