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en de belles paroles nécessaires pour la conversation, mais pas du tout pour y conformer la pratique !… Quand j’ai compris une chose à laquelle j’ai réfléchi, alors je ne puis la faire autrement que je l’ai comprise[1].

Il commence par décrire, avec une exactitude photographique, la misère à Moscou, telle qu’il l’a vue, au cours de ses visites aux quartiers pauvres, ou aux asiles de nuit[2]. Il se convainc que ce n’est pas avec de l’argent, comme il l’avait cru d’abord, qu’il pourra sauver ces malheureux, tous plus ou moins atteints par la corruption des villes. Alors, il cherche bravement d’où vient le mal. Et d’anneau en anneau se déroule la chaîne effrayante des responsabilités. Les riches d’abord, et la contagion de leur luxe maudit, qui attire et déprave[3]. La séduction universelle de la vie sans travail. — L’État ensuite, cette entité meurtrière, créée par les violents pour dépouiller et asservir, à leur profit, le reste de l’humanité. — L’Église, associée ; la science et l’art, complices… Comment combattre toutes ces armées du mal ? D’abord, en refusant de

  1. Que devons-nous faire ? p. 213.
  2. Toute cette première partie (les quinze premiers chapitres) qui fourmille de types, fut supprimée par la censure russe.
  3. « La vraie cause de la misère, ce sont les richesses accumulées dans les mains de ceux qui ne produisent pas, et concentrées dans les villes. Les riches se groupent dans les villes, pour jouir et pour se défendre. Et les pauvres viennent se nourrir des miettes de la richesse. Il est surprenant que plusieurs d’entre eux restent des travailleurs, et qu’ils ne se mettent pas tous à la chasse d’un gain plus facile : commerce, accaparement, mendicité, débauche, escroqueries, — voire même cambriolage. »