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ardente étreinte la Raison et l’Amour, a trouvé son expression la plus auguste dans la célèbre réponse au Saint-Synode qui l’excommuniait[1] :

Je crois en Dieu, qui est pour moi l’Esprit, l’Amour, le Principe de tout. Je crois qu’il est en moi, comme je suis en lui. Je crois que la volonté de Dieu n’a jamais été plus clairement exprimée que dans la doctrine de l’homme Christ ; mais on ne peut considérer Christ comme Dieu et lui adresser des prières, sans commettre le plus grand des sacrilèges. Je crois que le vrai bonheur de l’homme consiste en l’accomplissement de la volonté de Dieu ; je crois que la volonté de Dieu est que tout homme aime ses semblables et agisse toujours envers eux, comme il voudrait qu’ils agissent envers lui, ce qui résume, dit l’Évangile, toute la loi et les prophètes. Je crois que le sens de la vie, pour chacun de nous, est seulement d’accroître l’amour en lui, je crois que ce développement de notre puissance d’aimer nous vaudra, dans cette vie, un bonheur qui grandira chaque jour, et dans l’autre monde, une félicité plus parfaite ; je crois que cet accroissement de l’amour contribuera, plus que toute autre force, à fonder sur terre le royaume de Dieu, c’est-à-dire à remplacer une organisation de la vie où la division, le mensonge et la violence sont tout-puissants, par un ordre nouveau où régneront la concorde, la vérité et

  1. Cette pensée religieuse a certainement évolué au sujet de plusieurs questions, notamment en ce qui touche la conception de la vie future.