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incomparables, cette splendide symphonie de l’Âme Universelle. Ils en sont, pourrait-on dire, le Mozart et le Beethoven — le Pater Seraphicus et le Jupiter tonnant — Ramakrishna et Vivekananda.

Le sujet de mon livre[1] est triple et un. Il comprend le récit de ces deux vies extraordinaires — l’une quasi fabuleuse, l’autre véritablement épique — qui viennent de se dérouler, de notre temps, à nos portes — et l’exposé d’une haute pensée, religieuse, philosophique, morale et sociale qui, sortie du fond des siècles de l’Inde, s’adresse à l’humanité d’aujourd’hui.

Bien que (vous le verrez) l’intérêt pathétique, la poésie fascinante, la grâce et la grandeur homériques des deux vies suffisent à expliquer que j’aie passé deux ans de la mienne à remonter leur cours et explorer leurs rives, afin d’y promener maintenant vos yeux, — ce n’est point la curiosité du voyage qui m’a invité à le tenter.

Je ne suis point dilettante. Et je n’apporte point aux lecteurs fatigués des raisons de se fuir, mais de se trouver. Trouver le moi profond, nu, sans masque, sans mensonge. Je me suis fait une compagnie de ceux qui l’ont cherché, qu’ils soient vivants ou morts, et je ne m’inquiète point des limites des siècles ou de celles des nations. Il n’est, pour l’âme nue, Occident ni Orient : ce sont ses vêtements. Le monde est sa maison. Et sa maison, étant de tous, est à tous.

  1. En deux volumes.