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À elle je dédie l’œuvre nouvelle que j’apporte : — à la Grande Déesse, invisible, immanente, qui lie de ses bras d’or la gerbe diaprée de la polyphonie : — l’Unité.

Elle est, depuis un siècle, dans l’Inde nouvelle, le but vers lequel est lancée la flèche de tous les archers. De cette terre sacrée, Gange de peuples et de pensées, ont surgi, dans ce siècle, des personnalités torrentielles. Quelles que soient les différences de l’une à l’autre, la direction est la même : l’Unité humaine, par le canal de Dieu. Mais à chaque relève d’équipes, l’Unité s’élargit, tout en se précisant.

Du début à la fin de ce grand mouvement, il s’agira toujours de la coopération, sur un pied d’égalité, de l’Orient et de l’Occident, et des forces de la raison avec celles — non pas de la foi, au sens d’acceptation aveugle, qu’elle a pris en des époques serviles et des races épuisées — mais de l’intuition vivante et voyante : l’œil au front du Cyclope, qui n’annule point, mais complète les deux autres.

Dans cette magnifique avenue des héros de l’esprit, que nous parcourrons plus loin[1], j’ai fait choix de deux hommes qui m’ont conquis, parce qu’ils ont réalisé, avec un charme et une puissance

  1. Voir chapitre vi de ce volume : Les Bâtisseurs de l’Unité. (Ram Mohun Roy, Devendranath Tagore, Keshab Chunder Sen, Dayananda). — Cf. aussi : L’Inde en marche (Revue : Europe, 15 décembre 1928), où je fais une place à notre grand contemporain, Aurobindo Ghose, dont je reparlerai, à la fin de mon second volume.