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« … Il faut respirer, reprendre haleine, se refaire aux grandes sources vives, qui gardent l’éternelle fraîcheur. Où la trouver, si ce n’est au berceau de notre race, aux sommets sacrés d’où descendent ici l’Indus et le Gange, là les torrents de la Perse, les fleuves du Paradis ? Tout est étroit dans l’Occident. La Grèce est petite : j’étouffe. La Judée est sèche : je halette. Laissez-moi un peu regarder du côté de la haute Asie, vers le profond Orient. J’ai là mon immense poème, vaste comme la mer des Indes, béni, doré du soleil, livre d’harmonie divine où rien ne fait dissonance. Une aimable paix y règne, et même au milieu des combats une douceur infinie, une fraternité sans borne qui s’étend à tout ce qui vit, un océan (sans fond ni rive) d’amour, de pitié, de clémence. J’ai trouvé ce que je cherchais : la Bible de la bonté ! »
Michelet.
Bible de l’Humanité, 1864.