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vainqueur de son propre destin, vainqueur de sa souffrance.

« Sacrifie, sacrifie toujours les niaiseries de la vie à ton art ! Dieu par-dessus tout ! » ( O Gott über alles !).

* * *

Il s’est donc emparé de l’objet de toute sa vie. Il a saisi la Joie. — Saura-t-il rester à ce sommet de l’âme, qui domine les tempêtes ? —Certes, il dut retomber bien des jours dans les anciennes angoisses. Certes, ses derniers quatuors sont pleins d’ombres étranges. Pourtant il semble que la victoire de la Neuvième Symphonie ait laissé en lui sa glorieuse marque. Les projets qu’il a pour l’avenir[1] : la Dixième

  1. « Apollon et les Muses ne voudront pas me livrer déjà à la mort ; car je leur dois tant encore ! Il faut qu’avant mon départ pour les Champs-Élysées, je laisse après moi ce que l’Esprit m’inspire et me dit d’achever. Il me semble que j’ai à peine écrit quelques notes. » (Aux frères Schott, 17 septembre 1824. — Nohl, Neue Briefe, CCLXXII.)