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mauvais, parce que mon oncle voulait que je fusse meilleur ». Il en arriva, dans l’été de 1826, à se tirer un coup de pistolet dans la tête. Il n’en mourut pas ; mais ce fut Beethoven qui faillit en mourir : il ne se remit jamais de cette émotion affreuse[1]. Charles guérit : il vécut jusqu’à la fin pour faire souffrir son oncle, à la mort duquel il ne fut pas tout à fait étranger, et auprès duquel il ne fut pas à l’heure de la mort. — « Dieu ne m’a jamais abandonné », écrivait Beethoven à son neveu, quelques années avant. « Il se trouvera quelqu’un pour me fermer les yeux. » — Ce ne devait pas être celui qu’il appelait « son fils »[2].

  1. Schindler, qui le vit alors, dit qu’il devint, subitement, comme un vieillard de soixante-dix ans, brisé, sans force, sans volonté. Il serait mort, si Charles était mort. — Il mourut peu de mois après.
  2. Le dilettantisme de notre temps n’a pas manqué de chercher à réhabiliter ce drôle. Cela ne peut surprendre.