Page:Rolland - Vie de Beethoven.djvu/75

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

me le faire croire !... Adieu, celui qui ne t’a pas donné la vie, mais qui te l’a certainement conservée et qui a pris tous les soins possibles de ton développement moral, avec une affection plus que paternelle, te prie du fond du cœur, de suivre le seul vrai chemin du bien et du juste. Ton fidèle bon père[1]. »

Après avoir caressé toutes sortes de rêves pour l’avenir de ce neveu, qui ne manquait pas d’intelligence et qu’il voulait diriger vers la carrière universitaire, Beethoven dut consentir à en faire un négociant. Mais Charles fréquentait les tripots, il faisait des dettes.

Par un triste phénomène, plus fréquent qu’on ne croit, la grandeur morale de son oncle, au lieu de lui faire du bien, lui faisait du mal, l’exaspérait, le poussait à la révolte, comme il le dit, dans ce terrible mot, où se montre à vif cette âme misérable : « Je suis devenu plus

  1. Nohl, CCCLXII-LXVII. Une lettre, que vient de retrouver à Berlin M. Kalischer, montre avec quelle passion Beethoven voulait faire de son neveu « un citoyen utile à l’État » (1er février 1819).