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montra indigne de la confiance de son oncle. La correspondance de Beethoven avec lui est douloureuse et révoltée, comme celle de Michel-Ange avec ses frères, mais plus naïve et plus touchante :

« Dois-je encore une fois être payé par l’ingratitude la plus abominable ? Eh bien, si le lien doit être rompu entre nous, qu’il le soit ! tous les gens impartiaux qui le sauront te haïront.... Si le pacte qui nous lie te pèse, au nom de Dieu, — qu’il en soit selon sa volonté ! — Je t’abandonne à la Providence ; j’ai fait tout ce que je pouvais ; je puis paraître devant le Juge Suprême[1].... »

« Gâté, comme tu es, cela ne te ferait pas de mal de tâcher enfin d’être simple et vrai ; mon cœur a trop souffert de ta conduite hypocrite à mon égard, et il m’est difficile d’oublier.... Dieu m’est témoin, je ne rêve que d’être à mille lieues de toi, et de ce triste frère, et de cette

  1. Nohl, CCCXLIII.